Les forest schools en Allemagne, un succès incroyable

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Les « Waldkindergartens », écoles de la forêt allemandes, ont commencé à essaimer dans les années 1960. Toutefois, ce n’est qu’une trentaine d’années plus tard que la première forest school est officiellement reconnue et soutenue par l’État. Depuis lors, le concept s’est profondément et massivement enraciné sur le territoire. Avec environ 2000 établissements, l’Allemagne est aujourd’hui le pays comptant le plus grand nombre de forest schools au monde ! Comment expliquer la success story des forest schools allemandes ? Nous vous en disons plus dans cet article.

Petite histoire des forest schools en Allemagne

Tandis que dans les années 1960 la Scandinavie clamait haut et fort son attrait pour les forest schools, la tendance émergeait silencieusement en terre allemande. Aujourd’hui, le pays s’est approprié le concept jusqu’à devenir une référence mondiale.

1968, une première forest school officieuse

À Wiesbaden, une ville de la Hesse, une mère dénommée Ursula Sube avait pour habitude de se rendre quotidiennement en forêt avec ses quatre enfants. Petit à petit, de nombreux parents se sont enthousiasmés et le groupe de promeneurs s’est agrandi. C’est de cette initiative spontanée que serait née la première école de la forêt allemande, en 1968. Longtemps restée méconnue, elle illustre toutefois le lien naturel entretenu par les Allemands avec leurs forêts, recouvrant un tiers du territoire.

1993, la première forest school officielle

Ce n’est qu’à la fin des années 1980 que l’Allemagne s’intéresse officiellement au phénomène, qui jouit alors d’une forte popularité en Scandinavie. Les premières écoles de la forêt reconnues par l’État apparaissent en 1993 à Flensburg et Lübeck, puis à Berglen en 1994 et à Fribourg en 1996. Le concept connaît alors un essor fulgurant.

Plus de 2000 forest schools en Allemagne aujourd’hui

Il y aurait aujourd’hui plus de 2000 écoles de la forêt en Allemagne ! Soit les deux tiers des écoles implantées dans toute l’Europe. Il s’agit du pays le plus riche en structures dédiées à la pédagogie par la nature, loin devant les pionniers que furent les États-Unis et le Danemark.

Depuis 2018, il existe notamment en Allemagne une Journée internationale des écoles de la forêt. Elle a lieu le 3 mai, en hommage à la fondation de la première forest school officielle. Cette date de célébration révèle le fort intérêt porté par les familles et le gouvernement envers les écoles de la forêt. Comment expliquer un tel engouement ? Pour le comprendre, remontons au 19e siècle !

La pédagogie Froebel et les Kindergartens : des forest schools avant l’heure

Son nom ne vous est peut-être pas inconnu. En effet, Friedrich Froebel fait figure d’autorité en matière de pédagogie par la nature. Un siècle avant la fondation de la toute première forest school aux États-Unis, F. Froebel en avait déjà l’intuition. Il est le créateur des fameux jardins d’enfants allemands, les Kindergartens.

Qui était Friedrich Froebel ?

Né en 1782 et mort en 1852, Friedrich Froebel est un véritable précurseur. Enfant, il grandit dans une région forestière d’Allemagne, en Thuringe. Sa propre enfance constitue le terreau de ses idées : le jeu libre en plein-air est essentiel à la croissance et à l’éducation de l’enfant.

Pour lui, l’Homme et la nature forment un grand tout harmonieux, une unité qu’il s’agit d’entretenir et de préserver. Doté d’une vision presque mystique, il s’oppose aux théories éducatives en place au 19e siècle et se heurte à un contre-courant conservateur. L’historien Michelet parle même de « l’évangile de Froebel ». Il aurait initié une transformation radicale dans l’éducation de la petite enfance, et créé en 1840 ce qui deviendra la norme en Allemagne, les « Kindergartens » (jardins d’enfants). Il rédige un traité de pédagogie scolaire, De l’éducation de l’Homme, et en applique les théories dans la première école privée qu’il fonde à Keilhau, l’Institut général allemand d’éducation.

Une source d’inspiration pour la pédagogie par la nature contemporaine

Ses aspirations nationalistes et démocratiques lui vaudront tout d’abord d’être étroitement surveillé par la police prussienne et les milieux catholiques. Mais en deux siècles, les idées de Froebel ont fait leur petit bout de chemin et sont parvenues à changer les mentalités.

Aujourd’hui, en Allemagne, les forest schools proposent une fusion entre le système éducatif traditionnel et l’école en plein-air. La plupart du temps, les matinées se déroulent dans la nature, et les après-midis, en salle de classe.

Friedrich Froebel a également créé un matériel spécifique à ses méthodes. Plaisir, liberté et bienveillance sont la devise de sa pédagogie. L’enfant évolue à son rythme et découvre la joie d’apprendre par le jeu. Lui-même inspiré par la pédagogie Pestalozzi, il inspirera à son tour des pédagogues de renom tels que Maria Montessori.

En avance sur son temps, le pédagogue allemand a insufflé un élan qui allait prendre tout son sens au 21e siècle. Dans nos sociétés, les enfants souffrent du déficit de nature (Last Child in the woods, Richard Louv). Les écoles de la forêt paraissent alors d’autant plus salutaires. De plus, l’Allemagne est un pays doté d’une forte sensibilité écologique. Les écoles de la forêt ont ainsi trouvé leur terre promise.

Les forest schools en Allemagne, des initiatives encouragées

Fonder une école la forêt est un rêve partagé par de nombreux parents allemands. Mettre ses enfants au contact de la nature comporte des bienfaits prouvés, que les familles souhaitent encourager. Les viviers d’adultes volontaires et d’espaces verts forment un terrain d’émergence privilégié pour les nombreuses écoles de la forêt qui émaillent l’Allemagne.

De nombreux parents fondent des forest schools en Allemagne

Almut Ahrend, fondateur de la Waldkindergarten de Purzelbaum raconte :

« Notre fille avait presque trois ans et nous réfléchissions à l’école maternelle qu’elle devait fréquenter. En avril 1997, j’ai lu un article dans le Badische Zeitung sur l’école maternelle en forêt de Fribourg, près de Mundenhof. J’étais enthousiaste et j’en ai parlé à mes amis. Nous sommes allés voir le journal local, qui a alors écrit un article et organisé un premier événement de rencontre. Beaucoup de jeunes parents sont venus et nous avons dès lors prévu de nouvelles dates pour échanger. Il nous fallait ensuite fonder une association, trouver un morceau de forêt et informer le bureau de la protection de la jeunesse. »

Par la suite, Almut Ahrend entame plusieurs procédures afin d’avoir les autorisations du chef du bureau des forêts et de la mairie. En effet, la réalisation de travaux dans la forêt ne devait pas perturber la faune. Un espace leur a finalement été attribué dans le Haagenerwald. C’est là qu’ils ont pu faire éclore leur école idéale, la Somersault : une école immergée dans la paix et la tranquillité de la forêt, au sein de grands espaces où les enfants pourraient jouer librement. L’école, âgée de plus de 20 ans, continue de prospérer et de voir défiler des générations d’enfants connectés à la nature.

L’initiative d’Almut Ahrend, comme celle d’Ursula Sube, illustre la manière dont les parents allemands ont pu s’approprier le concept. Le souhait spontané d’offrir à ses enfants un cadre d’apprentissage agréable est souvent à l’origine de la création des forest schools allemandes. Les parents amorcent une chaîne vertueuse, inspirante et enthousiasmante.

Le gouvernement allemand soutient les forest schools

Aujourd’hui, la demande est si forte que les forest schools ont de longues listes d’attente. Dans les zones urbaines comme rurales, de plus en plus de parents choisissent d’envoyer leur enfant dans une Waldkindergarten. Par ailleurs, le gouvernement fournit des subventions aux associations de parents désirants fonder une école de la forêt s’il n’en existe aucune dans leur quartier. Les frais de scolarité sont relativement bas et permettent aux classes populaires d’y avoir également accès.

L’Allemagne s’engage véritablement en faveur du développement des forest schools. Dans une logique démocratique, elles sont accessibles à tous. Intimement liées aux théories allemandes sur la pédagogie, ces forest schools ne sont pas tant des écoles « alternatives ». Pour la plupart des enfants allemands, aller dans la nature avec sa classe, c’est tout à fait normal !

Joana Durbaku

A propos des Décliques

Fini les écrans, les enfants se reconnectent à la nature ! Découvrez les forest schools des petits citadins avec Les Décliques. Une fois par semaine, les enfants de 6 à 11 ans vivent une escapade inoubliable dans le coin de verdure de leur quartier.

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